Quel est don’ ce jour au matin qui m’a fait naître Dans le lit éclairé par la grande fenêtre Qui veillait sur mon somme A côté de maman heureuse étonnamment D’avoir mis sur terre et tôt sans besoin d’amant Un tout petit bonhomme ? Il me semble que c’est à la fin de novembre Que la naissance eut lieu dans cette unique chambre A dominante blanche En accord avec les murs, le sol, le plafond, Les draps, la couverture et l’oreiller profond Tombant en avalanche Sur le traversin blanc, plus blanc que de la neige Tapissant la Norvège ; Ah ! ma mère que n’ai-je Ouverte ma prunelle Derrière mes yeux clos qui ne peuvent don’ voir Ton ventre sous le drap qui a fait son devoir De femme maternelle Et qui ne sauront pas où tu as tes mamelles, Tes seins bien plus pleins que les lourds seins des chamelles Qui trouveront ma bouche Et j’aurai quelques doigts de toi dans mes cheveux Et d’autres qui courront dans mon dos ; oh ! Je veux La chaleur de ta couche Où tu as mis ton flanc avant que je m’allonge Tout le long de ton rein pour qu’épuisé, je plonge Dans un flot d’hébétude Exactement comme si toujours je dormais En étant décidé de rester désormais Dans cette quiétude Egale au temps passé avec ma demi-mort Et ta vie, dis : pitié ! mi madre, mi amor Te fit un fils infirme Incapable de se nourrir seul comme un homme Au courant du goût doux et sucré de la pomme Et en force s’affirme Sans se laisser dicter sa façon de téter Le sein voluptueux qu’il prend sans s’entêter Avec franche assurance Et maîtrise en comptant le temps pour qu’il s’endorme Même si ce n’est pas à cause de sa forme Ou de son endurance. Le jour où je naquis fut peut-être un mardi Ou un triste lundi de novembre ; pardi, Voilà qu’elle est ma tare ; Si l’on m’avait conçu en juillet un dimanche, En avril, je serais né fort comme un Comanche, Un Turc ou un Tartare. Je rencontrai ce jour d’automne un handicap Qui me garde auprès de lui sans changer de cap ; Ma mère en souffre-t-elle ? Souriante, elle est loin de trembler de panique Bien qu’un bébé ne soit protégé en clinique D’une douleur mortelle.