Quelle épaisseur de nuit autour du réverbère Inapte à découvrir un mètre de trottoir… Francesco parle avec Abdullah le Berbère De leurs petites vies dans la ville-dortoir.
A leurs pieds, la lampe jaune en haut trace une ombre Etroite et allongée (presqu’aussi grande qu’eux) Qui leur colle aux souliers pour augmenter le nombre D’une réunion de deux non belliqueux.
C’est que l’Italien et l’immigré d’Afrique Troquent leurs points de vue, les photos du pays, De méditerranée, d’atmosphère féerique Et des melons juteux qui sont très tôt cueillis.
Ils n’ont pas le loisir de jouer à la guerre Et se prenant la main, jouissent de leur paix Au sein d’entités au comportement grégaire Fruste et rude souvent mais usant du respect.
Ils se comprennent par l’émoi de la lumière Emise par le blanc de leur œil qui sourit En se fixant sur eux sans bandeau, sans œillère… Cet échange suffit quand qu’un peu les nourrit.
Ils regardent leurs dents blanches bien alignées Et leurs langues roses sorties furtivement Et sont fiers d’être issus d’une de ces lignées Modelées en beauté superlativement.
Attire le halo du haut quelques insectes Se heurtant au globe de verre transparent Egal au vert luisant vernis mis par les sectes Aveuglant les enfants lâchés par leur parent.
Mais leur tradition islamique et chrétienne N’a rien à cacher : leur amour est partagé En proclamant qu’il faut que chaque être détienne Sa dignité sans qu’il soit désavantagé.
Le réverbère pousse un peu la nuit épaisse Et laisse jusqu’à lui monter des bruits de voix. Il - sans ces insectes - se sent telle une espèce Détachée du sol sans entendre ce qu’il voit.
La lumière n’a pas les yeux du réverbère Fixés doux sur le cou brun de l’Italien Et le bras court et les mains brunes du Berbère Qu’il prend pour les membres d’un jeune Malien.
Francesco, Abdullah sont sous un lampadaire Qui ne manque pas d’air en donnant sa lueur Rappelant au second le dos du dromadaire Dont la lune le soir éclaire la sueur.
Abdullah, Francesco sont accompagnés d’ombre Offerte abondamment par un globe perché ; Ils voient clairement que tout en eux rien n’est sombre Et dans leur blanc des yeux ont ce qu’ils ont cherché.