Je m’éveille et pourtant le rêve continue En sentant la rare présence d’une fleur Dont l’odeur délicate et la douce chaleur Me font penser à la demoiselle ingénue Se tenant devant moi, sans gêne, à demi-nue.
Cette rose susurre à mes chastes oreilles Quelques mots innocents prononcés en riant Avec un air chantant dont je suis si friand En me présentant un rang perlé de groseilles Sur un plateau d’argent où luit son oeil brillant.
Ses pétales s’ouvrent et sa tige se penche Puis se pose, alanguie, sur le bord de mon lit Et me parle, à demi, comme un enfant poli De ces fruits si jolis habillés en dimanche Qu’elle a cueillis parmi deux lys, une pervenche.
Ils sont aussi rouges que cette rose est rose Qui me voit les croquer, un par un et sans thé, Sans café et sans lait, avec belle santé Sans prendre rien d’autre qu’un faible instant de pose Pour effleurer sa joue et pleurer, si je l’ose.