S’en aller, décidé, sevré, de son foyer Pour s’allonger au pied d’un chêne ou d’un noyer Avant de se baigner dans un ruisseau d’eau claire Et nager avec le goujon et le gardon Accueillants, frétillants, qui s’échinent à plaire A celui qui s’enfuit de chez lui sans pardon.
Se reposer, bercé par la brise au doigt lisse, Entouré d’un pré tendre où l’herbe humide glisse Sur le pied déchaussé qui goûte à sa fraîcheur Pendant que l’œil de Dieu dans les cieux bleus regarde Avec bienveillance et pardonne le pêcheur Qui a déserté sans doute aucun par mégarde.
Se renverser la tête et attendre le soir L’étoile vêtue de blanc qui viendra s’asseoir Quelque part dans le noir pour montrer sa présence Et rassurer ainsi celui qui craint la nuit Remplie des infinis et pour combler l’absence De la clarté qui dicte à l’esprit ce qui nuit.
Se lever et marcher à l’envers et refaire Le chemin et pouvoir peut-être satisfaire Le besoin quotidien qu’espère la maison Esseulée et pleurant le départ de son maître Mais tressaille de joie quand en cours de saison Il pousse la porte et entre sans se démettre
Est un exercice de gentillette fugue Attirée par l’espace et l’air frais qui subjugue Sans savoir la douleur qui étreint tant le cœur De l’altérité qui prit en terre racine Inapte à suivre le chant du merle moqueur Et consolé de près par lierre et par glycine
Qui se tiennent au mur pour sa sécurité Et pour que leur clarté vainque l’obscurité Qui sévit dans la nuit et en pleine journée Quand la vitre est noircie par le nuage gris Et que son âme-sœur est partie en tournée En compagnie d’un type aux esprits rabougris.