Qu’il est difficile de se voir face à face Et paraît plus aisé de se téléphoner ! Dans mon livre premier, j’écrirai en préface Que je suis bien celui qui n’a pas de faux nez.
Je parle au lecteur seul en maniant la lettre Sans imaginer sa lente course de l’œil Cherchant à travers mon récit peut-être l’être Suant, soufflant, souffrant calé dans son fauteuil
Ou léger, agile, fantasque et désinvolte, Des boucles aux cheveux, quelques bagues aux doigts, Portant les stigmates du mai de la révolte, Fumant du tabac fin, buvant comme il se doit !
J’aimerais causer du haut de ma basilique A mes fans convoqués par la publicité Mais si j’avais une vraie tête d’alcoolique Aurais-je encore auprès d’eux un droit de cité ?
Je veux que ma beauté reste toujours secrète Et j’accepte de me faire téléphoner ; J’aime vivre reclus en tant qu’anachorète Mais je jure, je ne porte pas de faux nez.