Maître, j’ai myrrhe et or et aussi de l’encens Que je conserve auprès de moi depuis l’an cent ; Je t’adore tant veux-tu que je te les offre ? - Non j’aimerais que tu les misses dans un coffre
Seigneur, que puis-je te servir pour ton plaisir Qui puisse te ravir et combler ton désir ? Je t’adore tant ; veux-tu un imposant temple ? - Oui, je veux que Dieu mon ignorance contemple
Maître, je te comprends, tu es humilité Et les siècles ont su que tu as milité Pour la sérénité ; Est-ce que Dieu l’annonce ? - Non, le Très-haut à ce lent mensonge y renonce
Seigneur, à quoi penser, puisqu’est trop loin la paix ? La vois-tu là où le brouillard est moins épais ? Faut-il répudier l’or, l’encens et la myrrhe ? - Oui, l’œil infiniment cherche l’œil qui le mire.
Maître, d’aucuns sont vus s’en aller guerroyer A cheval, par la marche et sur leur destroyer ; Te remettront-ils les fruits d’or de leur conquête ? - Non, je suis celui qui se suffit d’une quête.
Seigneur, puis-je éponger ta face blanche en sang Et t’adorer avec la fumée d’un encens ? Dois-je ôter tes souliers et laver tes pieds sales ? - Oui, j’affranchirai les vassaux et les vassales.
Maître, encore une fois, pour toi, en fais-je assez ? Tu peux tout demander, je ne suis pas lassé. Mais, tu me prends le pied… dois-je ôter ma chaussure ? - Non, ce n’est pas la peine, il n’a pas de blessure.