Le faon tend le cou au-dessus de l'eau dormante ; Un reflet ondulé luit en son oeil craintif Fixé sur un geai noir qui se niche, attentif, Au creux d’un arbre à la coiffure flamboyante.
Nul craquement, rien ne s’entend, épais silence… L’automne couronné de rouge et d’orangé Bouge et avance, à pas feutrés, sans déranger Sauf l’eau du beau ruisseau qui sur les galets danse.
Chanterelle, marron, morille, faine, gland, Se sentent à l’abri sous la feuille lassée D’avoir longtemps tenu et qui s’est entassée, Fatiguée d’un été de soleil aveuglant.
Le sentier mort renaît des arbres amaigris ; La framboise, la mûre et la fraise sauvage Décimées, endossent les habits du veuvage A côté des buissons clairsemés, rabougris.
Le soir est tôt, la nuit le suit, sereinement ; Seule, une lampe lutte au plafond des cuisines ; Le vent s’est invité et les pluies, ses voisines, L’escortent, grandes âmes, souverainement.
L’horloge se balance avec placidité ; Son tic-tac régulier a poussé une aiguille Dans l’œil du père qui enguirlande sa fille Dont le retard excite son acidité.
La radio parle tout haut de météo ; La mère épluche une pomme encore un peu verte ; « C’est Yvette qui, ce matin, me l’a offerte ; Ecoutez : Tahiti : Ils sont en paréo ! »
Le tissu léger est rangé, le pull over Est prêt pour l’écolier : c’est déjà la rentrée… La maîtresse, anxieuse, est toute concentrée Sur déjà l’automne où flotte une odeur d’hiver…