Si je gagne la mort, je perds, alors, la vie ; Toi, tu ne meurs qu’un peu et parfois, je t’envie. Je te vois – descendant – te vider de ton sang Et te lever pourtant tout rouge incandescent.
Rôtis-tu, entre-temps, quelques petits oiseaux Pour franchir un à un les vingt-quatre fuseaux ? Tu es si bien nourri que j’admire ta force A calciner l’aubier protégé par l’écorce.
Lorsque tu te sens mal, ton visage tout pâle N’a pas humé les sels iodés de l’Opale ; Peut-être as-tu campé dans les glaces du Nord Où la vivacité du froid mordant t’endort…
Tu t’en viens, tu t’en vas comme un ballon qui joue ! Tu choisis pourtant de montrer ta belle joue Quand tu l’as décidé, (pas seulement l’été) Et puis tu disparais dans ta propriété.
Si je savais l’endroit où tu vas te cacher, Je réfléchirais au moyen de t’attacher Et en te congelant, j’apprendrais ta recette Calquée sur la santé en acier de l’ascète.
Tu ne meurs donc jamais ! Mais qui donc t’entretient ? Mon médecin m’a dit dans un bref entretien Qu’il est désolant et, hélas, inévitable
De partir en poussière, un jour épouvantable ; Soleil, sacré martien, tu gardes ton maintien Avec un aplomb qui te rend insupportable.