Quel douloureux coucher nous avons eu ce soir : Dans les futaies, cinglait le vent du désespoir Arrachant vertement les cent feuilles fanées Aux branches biscornues, fatiguées, condamnées
Alors qu’elles faisaient plus tôt la course aux toits Et défiaient le ciel où chantait l’astre-roi Brillant de mille feux, radieux et splendide, Eclairant à l’envi la rue nette et candide.
Ô, désolation, car ce que nous voyons Est un cercle anonyme, une roue sans rayons Tournant dans l’horizon inquiet pour sa ligne Attaquée – croit-il - par une tumeur maligne.
La terre épuisée craint pour son ventre et ses reins Ne distillant plus rien des eaux de sel marin Et ses enfants perdus, pauvres, grêles et blêmes Se confrontent sans cesse aux épineux problèmes
Des champs couverts d’acide acétique et de graisse Sur lesquels tremblent le palais, la forteresse ;
Tempêtes jamais vues des glandes lacrymales Venues des yeux des cieux, accourez en rafales,
Lavez-nous ce globe glauque et brisez sa coque Pour extraire le ver et le staphylocoque A satelliser loin dans les immensités
Et laissez campagnes, mers, montagnes, cités Revoir un soleil blanc, jaune ou rouge velours Faisant gicler son jus sur la robe des jours.