Nous sommes sots de croire aux prétendus destins Qui naîtraient - par hasard – au détour d’une route ; Enlevons notre doute et grattons sous la croûte Où se trouve le plus plantureux des festins.
Des jeux délicieux sont ceux de ce soleil Penché près de la lune amputée d’un bon quart Eclairant une hune où font le grand écart Deux mousses saouls de mousse écrasés de sommeil.
Lys et hortensias, magnolias, jasmins, Se dorent aux soleils qui disent aux nuages D’accepter de verser des pluies sur les visages Des fleurs abandonnées sur le bord des chemins.
Têtards, salamandres, gavés de privilège, Donnez un peu de mare, un peu de vos étangs Aux déserts sablonneux qui, eux, en manquent tant, Plombés par des soleils porteurs de sortilège.
Le plus fou arrache la rose à peine éclose Et l’emporte en pensant jouir de sa beauté Hélas bientôt fanée dans cette maison close Où les soleils sur ses murs ont tous avorté.
Lequel craint le destin du lac bleu d’Arpajon Si l’étoile a choisi d’éclairer une mare Afin qu’un fin roseau (fier de n’être pas jonc) Masque un crapaud glauque au coassant tintamarre ?
Ô, disque chaleureux, sans ma permission, Tu pénètres chez moi à travers la fenêtre Avec un aplomb tel que tu crois me connaître Alors que je te veux dans la soumission.
Va, cher vieux soleil, va - invite aussi la lune - Naviguer sur la mer près de Douarnenez ; Et quand harassé, las, tu seras malmené, Flanque-toi sur la dune : il en reste encore une.
Mais, nous sommes pareils, mes soleils, mes amours, Vous riez bien de ce que l’on ose vous dire ; Dans nos nuits, vous brillez pour ceux qui voient les jours De ce côté caché qui me semble le pire.