La souffrance engendre jalousie, envie, haine Et des sentiments tus ; pour que la paix revienne Dans le cœur blessé, il faut prier pour guérir, Oser se convertir pour son prochain chérir.
Et quand tout est lavé, que l’âme noire est saine, Que s’ouvre en main douce le poing dur qui assène, Des fleuves blancs de lait frais épongent le sang Rougeâtre et le corps mort, se détend : il le sent.
Ainsi, fini de cuire et de cuire les haines, De marcher sur des sols d’épines et de peines Et scintillera dans l’azur du firmament L’étoile qui luit dans l’œil tendre de maman
Qui ne s’est pas doutée que son bébé pût mordre Le bras de l’abruti qui s’apprêtait à tordre Son bras d’enlacement et qui cuit en enfer De gros anneaux soudés sur des barres en fer
Pour graver sans baver, sans saigner, « j’ai la haine » Le front blond, le menton rond, la joue pleine humaine Qui furent la cause d’un fort dérèglement Et quand s’ouït un cri ce fut un beuglement.
Pour que la langue en feu de Satan ne s’enroule Autour de l’âme et que la raison ne s’écroule Il faut boire un beau tonneau d’eau qui éteindra L’incendie tapi la nuit dans le fil du drap.
En chaque être vivant, si la souffrance siège, C’est que maman n’aura pas bu de fraîche neige Et que ses parents ont chauffé dans leur enfer De gros anneaux soudés à des barres en fer
Pour graver dans une âcre odeur de chair humaine Le sillon profond dans lequel germe la haine.