Sous lequel des sapins s’étendra ma carcasse Quand j’aurai terminé de passer les saisons En revue du début jusqu’à la fin car casse L’os qui tint aux moissons autant qu’aux fenaisons ?
En pensée, je choisis celui qui est derrière Le mignon tertre rond qui ombre ma maison Même si le soleil franchira la barrière Vers midi sans que j’en connaisse la raison.
Au loin un sapin fin se tient au bord de route Et paraît mal à l’aise à subir les autos Qui troublent l’œil morne du doux bovin qui broute Etonné de les voir emplies de zigotos !
Le troisième a poussé à deux troncs d’un grand charme Et semble ne vouloir pas d’amis recevoir ; J’ai toujours essayé de jouer de mon charme En n’ayant jamais pu ne pas le décevoir.
La vendange ultime a saisi mes ritournelles Qui plaisaient à l’été et même à la saison Où volent papillons, abeilles, coccinelles Joyeux et rassemblés autour de ma maison.
Le tertre de terre laisse le Solitaire Agiter sa cime pour que j’aille vers lui ; C’est midi et soudain, l’ombre est minoritaire Sur le mur et mon banc sur lesquels l’astre luit.
Lentement, je me lève et marche vers mon arbre Qui écarte une branche et me dit : c’est ici ; Je serai ta tombe et je resterai de marbre Si tu me donnes tes rêves et tes soucis.
Mes soucis : les voici ! Tu les prends ? Incroyable ! Je me suis étendu et j’ai fermé les yeux ; Il avait aussi pris mes rêves mais le diable Se changea, je le jure, en ange bleu des cieux.