Sur la rive opposée est assis un pêcheur Les pieds dans la rosée pour goûter la fraîcheur D’un matin commencé dès la naissante aurore Au moment où une fleur jaune vient d’éclore.
Le soleil débute sa montée dans le ciel En perdant du sang, en gardant l’essentiel De sa capacité à embraser les pôles, La nuque, le cou, les joues, le nez, les épaules.
Attentif au bouchon fixé au bout du fil, Sans souci de montrer sa beauté de profil, L’amateur de nageurs veille à ce que l’ablette Ne soit pas dérangée par une vaguelette.
Il a une paire de bottes, un chapeau Et un maillot de corps qui lui colle à la peau ; Dans l’eau, baigne un panier fermé où une proie Ne peut accompagner sa famille lamproie
Allant vers l’océan à revers du courant En laissant la captive à un destin courant Quand, lentement, passe un gros bateau dont la vague Fait trembler le bouchon qui ondule et divague
Et le pêcheur tirant sur sa canne en bambou Ferre un thon rouge pris par le fer de l’embout Qu’il place aux côtés de sa première capture Heureuse qu’un ami soulage sa rupture.
Font connaissance, ainsi, la lamproie et le thon En se parlant – croit-on – sur un accorte ton ; Sur la rive opposée, un chasseur vise et tire Au jugé : un pic-vert tombe à pic en martyre.
Le soleil entame en enfer une descente En reprenant son sang d’une façon décente Pour aller réchauffer les oiseaux, les poissons Transis même en été quand se font les moissons.