Tant de temps est passé à repasser du temps Qui ne reviendra pas de sitôt dans la plaine Tant de temps a passé et il n’est plus partant Pour s’en aller avec sa minuterie pleine
Le décompte des ans comptés en mille et cent S’achèvera tantôt à l’ultime seconde Qui s’engouffrera dans un sol remis laissant La plaine atterrée par la semence inféconde
Fâchée de ne trouver d’eau sous l’aile du vent De soleil adoré par la plante sauvage Rougissante de sa feuille verte devant Le saule pressentant en pleurant le ravage
Les larmes ne noient que peureux yeux quand le chant Silencieux du temps assourdit l’ouïe fine Des bergers de cent ans, de leurs brebis léchant Les herbes endormies par la morgue endorphine
Ne s’entendent pas plus sang et sève battant Dans l’artère et dans la veine de l’arbre en chêne Le temps pas méchamment arrive en s’abattant Sur les êtres mouvants que la vie vile enchaîne.
Infiniment s’en va le pas des estivants Vers l’indéfinie mer à l’abysse insondable Dont les flots verts-bleutés seront toujours vivants Dans cette masse à peu près jamais inondable.
Peut-être que la plaine envie les océans Forts de leurs profondeurs insensibles aux heures Qui voguent en surface en craignant les néants Dansant dans l’épaisseur de leurs noires demeures.