S’il s’appuie, lui, sur des amis (en tous cas dix), Mariano misait sur la belle de Cadix ; Chacun, chacune est sous quelqu’un, saoul de quelqu’une ; Dépendre ainsi, est-ce tare ou est-ce lacune ?
Moi, je me suis fait tout seul à force de moi Et n’ai pas pensé à demander : aidez-moi ! A la tête, aujourd’hui, d’une immense fortune, J’ai empilé l’euro, le franc sur de la thune.
J’acquis mon million et plus à dix-sept ans En vendant une aile de vent, j’ai dit : c’est tant ! Actuel milliardaire, au renom planétaire, Je suis de vingt-quatre villas propriétaire.
J’ai vendu ma tenue dorée de matador Au prince Igor qui m’a offert un gros tas d’or Et de mes mains salies j’ai construit ma piscine Sur mon propre terrain regorgeant de glycine.
Mon personnel est très heureux de recevoir Un bon salaire apte à ne pas le décevoir Et mon directeur à la tendance alcoolique Bénéficie de ma charité catholique
En lui louant ma seule et belle deux chevaux A un prix beaucoup plus bas que ce qu’elle vaut Et il me remercie en me laissant sa femme Venir de temps en temps me raccommoder l’âme.
Non, je ne me plains pas ; je ne suis pas ce riche A condamner le pauvre à l’œil glauque et qui triche Avec les braves gens brassant du capital Et qui peuvent s’offrir clinique et hôpital
Car ils ont - comme moi - travaillé dur et fort En volant (un peu) pour peaufiner leur confort Et il faut saluer leur immense courage D’avoir surmonté la pauvreté avec rage,
Ce terrible cancer de nos sociétés Qui frappe aveuglément et les sots s’y étaient Habitués ; quant à moi, il m’est impossible De ne viser ailleurs qu’en plein cœur de la cible
Et de dominer de ma stature de roi L’Incapacité d’esquiver mon geste adroit Qui, tordue de douleur, me dit : « seigneur et maître, Je sais qu’à ton niveau tu peux tout te permettre. »