Toujours courir, toujours courir Après le temps et sous la pluie, Toujours courir, toujours courir Pour éviter un ciel de suie Et pour parvenir à nourrir L’affamé qui crie dans le ventre : « Je n’ai pas crainte de souffrir De trop manger, fais que tout entre Et je finirai par pourrir Repu, gavé, bien dans mon antre. » Courir et rarement marcher Sans s’arrêter pour une pause, Faire en vitesse son marché Avant que tout se décompose. Courir sur les pavés, foncer Avec les aboiements de foule Dans les murs et tout défoncer Pour que l’âme en joie se défoule. Courir et défier le vent Passant en coup de vent, le vache, Qui, de son aile va levant Les cheveux de son air bravache. Courir pour être le premier A prendre la meilleure place Sous la bonne ombre d’un palmier Fraîche comme un cube de glace.
Se magner le nez pour gagner Autorité, richesse et gloire En se faisant accompagner Par la renommée de la Loire Est courir au fatal destin Guettant l’humain dès la naissance De participer au festin Et mourir sans reconnaissance.
Il sera vain de secourir Ce coureur à pied dont la plante Usée lui valait d’encourir Une peine de marche lente.