Vous avez entendu comme moi que l’argent Pouvait tout acheter et vendre l’âme au diable Mais si l’en est ainsi, demandons à l’agent De dresser un constat le fût-il à l’amiable
La rumeur nourrit le rusé bonimenteur Qui est surveillé grâce à Dieu par la police Pouvant infliger une amende au tourmenteur Dont un complice met le fragile au supplice
Qui est par chance aidé par les us et la loi Humaine et divine qui combattent la pègre Même Dagobert roi et le bon Saint Eloi Se mettaient à l’endroit où errait l’âme intègre
Vous n’avez peut-être pas entendu que l’or Etait moins prisé que l’espèce de liquide Qui ne se voit que dans le cil battant alors D’accord pour me payer avec un rein solide
Tout s’achète et se vend, beuglait Gilbert Bécaud Parti quand finit sa batterie électrique D’user ses cent mille volts au gré des bécots Donnés pour que baisse son acide gastrique
Il ne lui reste rien à part le souvenir Qu’il a laissé au cœur de celui qui l’écoute Et ne peut plus avoir et voir les sous venir Sans que là où il est désormais ça lui coûte
Les vers se moquent des humains qui furent vers Et redeviendront vers comme eux et la poussière Se chargera de les renourrir leur travers Recommenceront dans un éclair de lumière
Et s’abattront en corps les affres de la nuit Illuminée par les pâles étoiles blanches Et mourront encore l’Indien et l’Inuit Sur la terre où l’argent ruisselle sur ses hanches
Et où l’or ne lui sert qu’à suivre son filon Qui se faufile dans l’épaisseur de sa strate Sans comprendre pourquoi nous terriens défilons Derrière un minerai à l’existence ingrate
Et le diable rira rira bien le dernier Quand Dieu le grand perdant versera mille larmes Sur l’incongruité de l’immense charnier Toujours renouvelé quelles que soient les armes
Et pourtant les âmes mortes vivent en corps En se nourrissant des vers et de la poussière Qui furent des corps en renaissant en accord Avec l’inflexible et éternelle lumière
Dont le rayonnement tance l’obscurité Peuplée de cauchemars où l’or jaune s’argente Et pend à un fil de fer de sécurité Cassant quand avec le jour la lune tangente
Et s’en va blanchie par sa veille s’endormir Dans un jardin sans faim aussi dépouillé qu’elle Et se ferme aux voix qui ne cessent de gémir Sur terre où se soignent des jours noirs la séquelle
Vous savez maintenant comme moi que l’argent Vend la main le tenant et achète à ce diable De Satan sa sale âme en vue d’un détergent Usé par un agent au prix négociable
Tout s’achète et se vend sauf une aile de vent Qui vole avec celles des oiseaux de passage Ne s’attardant pas sur le lavement devant Rendre les puretés douces au repassage
La semelle du fer est en acier trempé De vapeur qui glisse chaudement sur le linge Aussi gris que froissé après avoir rampé Sur le dos des beautés supportant l’homme-singe
Qui ne peut s’empêcher de délaisser son bois Entouré d’arbres droits aux massives racines Pour s’aller oublier dans les bars où il boit Du raisin fermenté aux fièvres assassines
Pendant que la femme vache et son mari bœuf Prennent soin du fils veau qui tête à la mamelle Le lait chaud déjà prêt à mêler avec l’œuf Tout frais que le fermier place dans sa gamelle
En s’exclamant : seigneur ! Ces deux éléments blancs Me comblent tant et plus dans leur pure nature Que je désire les conserver dans mon clan Avec l’herbe grasse et verte de la pâture
Dont l’argent se loge en la rosée du matin Le bouton d’or naïf ignorant qu’il est riche Foulés tendrement par berger, vacher, mâtin* Accompagnés des mets placés dans la bourriche.
Ici, rien ne se vend, ne s’achète ou se prend Mais s’échange avant que décidé, il se donne Et ainsi à Satan un paysan apprend Qu’un sang impur n’est pas bu par la belladone.