Il est tard et l’espoir en ce soir de novembre Est ténu comme est grand le froid blanc de ta chambre Où ton cœur gelé, tes mains et tes pieds glacés Sont traversés sans fin de sangs violacés.
Tu cherches en ton âme une langue de flamme Aussi brûlante que les lèvres d’une femme Qui t’embrasserait en te pressant sur son sein A la douceur égale au duvet du poussin.
Et le démon d’aller de ses griffes cruelles Lacérer l’insensé qu’il porte sur ses ailes.
Poète fou, peseur de mots, orfèvre vain, Tu es trop orgueilleux ! Succombant au Malin, Tu dévêts ton habit et à genoux, tu pries Puis déchirant ta joue de tes ongles, tu cries :
« Je désire être aimé, je voudrais que l’on m’aime Non pour un poème mais juste pour moi-même ! »
Ta marche en rond te mène aux portes de l’aurore Qui blanchit ton lit fait, ton visage défait Aux yeux cernés par la noire mort qui dévore Ton esprit lumineux qui avoue son forfait.
Le silence est aigu dans l’espace exigu Où tu es prisonnier dans la cage du rêve Avec une ombre informe au sourire ambigu Dansant derrière un voile bleu qui se soulève ;
Tu sens alors monter de ton ventre indompté Un flot de chaleur qui t’emplit de volupté.