La fenêtre ouverte laissait passer la nuit Et, la maison, calmée, avait chassé le bruit. Appliqué, j’écrivais, accoudé à ma table, Eclairé par une bougie à flamme instable Me rendant irritable.
Je sentais un parfum apporté par la brise De sapin, de cassis, de pomme et de cerise Et parfois, pénétrait une bouffée d’air chaud S’installant lourdement autour du piano Qui me tournait le dos.
Je sentais palpiter mon coeur sous ma chemise Et ma montre avançait au temps têtu soumise Pendant que la grenouille et son coassement Prodiguaient à l’étang un bon délassement Jusqu’à épuisement.
A mesure de ma douloureuse écriture, Ma plume s’affinait en raillant la rature ; La lune rougissante éveillait mon esprit Qui commandait mes vers en ayant bien compris Que j’y mettais le prix. Avec rage le vent entra dans le feuillage Et la pluie arriva derrière son sillage ; Une goutte puis deux furent lâchées des cieux Suivies de grêlons au rayon ambitieux Me rendant soucieux ;
Je me levai d’un bond pour fermer la fenêtre Et mon cœur eut la peur que l’orage fait naître Mais, demain, mon sourire ira pour le facteur, Le jeune boulanger, le vieil agriculteur Juché sur son tracteur.
Alors, la lune me dicta un nouveau texte A la suite de ce changement de contexte Puisqu’elle demeurait sereine face au vent Qui secoue les tapis de feuilles voletant Au-dessus de l’auvent.
La nuit ayant vaincu ma chétive bougie Et piqué mes yeux à la prunelle rougie Je bus une gorgée, les yeux clos, d’un beau thé Lorsque vint soudain de l’oriental côté L’été dans sa beauté.