Entrechoquer le rêve et la réalité, Effacer le réel et entrer dans le songe, Apporter suc et sève à la banalité, Débarrasser le fiel des langues de mensonge ;
Chérir le vrai, le beau et les harmoniser Avec le sanglot d’eau et le rire en cascade ; Se moquer des risées et les carboniser Dans un chaudron brûlant barrière et barricade ;
Chanter, crier, pleurer, seul, sans but, au hasard ; Ecouter dans le vent la venue d’un message ; Poser sur rien, sur tout, la force d'un regard, Tisser des liens quand soudain l’âme est peu sage ;
Donner l’ambition du langage hérité Des pères dont le vers n’était pas ordinaire, Sans plis ni rouge au front, en pleine vérité, Quand sévit, bouge au fond, le péché doctrinaire ;
Procurer à manger aux enfants des cités L’aliment de l’esprit, la sacrée nourriture Afin qu’ils puissent dire et qu’ils puissent citer Un grand poète épris d’une grande écriture ;
Inciter la statue à un grand mouvement En se détachant de sa base colossale Pour aller embrasser admirativement Celle figée qui est pourtant sa commensale.
Ah ! Dieu qu’il est plaisant de nous savoir unis Par la conjugaison à tous les temps du verbe Exaltant le respect dont nous sommes munis Qui s’épanouit dans une superbe gerbe.