Ma soirée entame mon âme émerveillée Qui dès le matin clair tressaillait de gaieté Et pleure en ce début d’une longue veillée En disant à mon cœur son âcre anxiété.
Des cloches résonnent dans ma tête en écho ; La flamme rouge bouge dans la cheminée Attisée par un vent dansant le flamenco Venu avec la pluie qu’il a contaminée.
Que ce temps est long ! Nom de nom : mais qu’il s’en aille ! Il s’enracine au sol et il flotte au plafond ; Ah ! S’il pouvait partir même par une entaille J’appellerais pour le remplacer un bouffon !
Qu’elles endurent mes blessures avivées Par le déchaînement se glissant sous la porte ; Malgré ma volonté, mes craintes sont rivées Sur les bas éléments que le souffle m’apporte.
Cinq cents lacets de fouets en bouquet me lacèrent Le dos, le ventre, les bras, les pieds et les Dieux Allument des éclairs qui brûlent, m’éviscèrent, Zèbrent mes joues, mes yeux et font tonner les cieux.
Qui veut me faire peur ou me mettre en alerte ? Je ne peux rester sourd à ces outrages lourds ; Je vérifie ma porte : elle n’est pas ouverte Aux visiteurs du soir, même à de vieux amours.
Mon âme, ce matin, nettoyée avec soin, Repassée sans un pli, huilée, amidonnée, Je voulais t’aérer, ce soir, j’avais besoin De ta fraîcheur, à qui t’es-tu abandonnée ?
Ah ! te voilà ma croix… Je te cherchais partout ; Où t’avais-je laissée ailleurs qu’à un vieux clou Après t’avoir traînée par monts, bois et vallées ;
Je viens sur toi avec chair et sueur salées Qui t’alimenteront pour que ma peau de loup Ne soit plus convoitée par je ne sais quel fou.