La porte fermée a sa clé dans la serrure Qui n’est pas tournée et la maison sans parure A de quoi recevoir la passante du soir La table un verre et la chaise en bois pour s’asseoir Et une fenêtre qui regarde la lune Jaunir un angle de la cuisine et si l’une Des filles a rangé dans le vase une fleur C’est pour que la pluie vienne y déposer son pleur Mais elle n’est pas là et l’attend la fenêtre Qui voit que l’ormeau un peu penché vers le hêtre Commence à s’endormir déjà avant la nuit Car dès le matin il a fait sombre aujourd’hui L’autre fille espère une unique visiteuse Dont la main tient ferme une vie nécessiteuse Qui ne demande qu’un pain pour sécher son pleur Quand celui de la pluie nourrit l’unique fleur Peut-être que hêtre et ormeau dorment ensemble Car leur branchage et leur feuillage se ressemble Et si le pleur peut aux fleurs donner sa douleur Une fleur peut donner à un pleur sa couleur Les filles sont seules à gérer la maison Puisque leurs parents sont partis l’autre saison La pluie s’est enfilée par un coin de fenêtre Et s’offre à la fleur seule après l’ormeau le hêtre Ensommeillés mouillés et l’os sec de la faim Entre nez menton fins dans la maison enfin Une fille tranche du pain dresse la table Et à son bord prend le vase un air délectable.