Chaque nuit, dès que s'éteint le crépuscule, La flûte suave Du mystérieux musicien de bronze Joue un air étrange, D'une cristalline transparence. Ainsi le silence du palais désert Accueille l'écho D'un mélodieux fantôme Dont le grand miroir d'absence Reflète l'ombre fragile. Cependant cette nuit L'âme pure du musicien S'illumine de l'éclat D'un soleil second. Soudain une porte s'ouvre Sur le royaume inconnu En un pressentiment d'aurore: Alors le prince de solitude S'avance et, jouant toujours De sa flûte magique, Franchit le seuil de l'accomplissement. Mais le jour va bientôt renaître, Le miroir sera vide Et nul ne dira ce qu'est devenu Le musicien de bronze.