Je vous écris d’un pays lointain/ à vous recroquevillés dans votre fauteuil de fin de journée du fond profond de ma vie secrète en ville bouillonnante je vous écris les gens s’effacent voyez-vous qui passent et dans le fond cela ne sert à rien de vouloir retenir agripper un bras ou un sourire y croire un instant être dupe en somme cela ne sert à rien je vous écris hommes des petits matins qui ne chantent guère et le froid qui achève le miséreux tableau c’est tellement mieux d’aimer les gens laborieux n’est-ce-pas plus naturel je vous écris d’une enclave qui ne se sait qu’elle-même je crie d’un pays qui est le vôtre au-dedans de vous de cette enclave que je suis j’écris je vous crie de toute la désespérance de l’inutile j’y crie de tant de peur tant d’amour de vous qui rasez les murs d'un monde sans clair de lune qui partirez sans main dans la vôtre immenses insignifiances vous êtes ainsi que vous vous faites me faudra-t-il encore longtemps me forcer à vos regards sans armes votre lassitude exsangue de combat je vous écris disais-je allons donc c'est de moi qu'il s'agit et rien d'autre nul autre je vous laisse déjà je suis plus loin que vous