J’ai comme un chat dans la gorge, presque la chair de poule… Oh ! Ce n’est pas qu’il fasse un froid de canard Mais sans doute est-ce le simple effet de la foule Dont j’appréhende et soupèse le sournois regard… Regard perçant de l’aigle, œil bovin qui m’observe Dont l’inacuité guette, tout comme taupe myope En mes rimes l’erreur qui ternirait ma verve, Ruse de renard, réputé nyctalope… Souvent j’ai une faim de loup et un appétit de moineau Je peux être malin comme un singe, ou nu comme un ver Teigneux comme un pou, puis doux comme l’agneau Suivant la rigueur que m’imposent les vers Rimes nécessaires à mes humbles propos… Laissez moi donc rêver hors de l’espèce humaine Doucement me glisser dans le monde animal De sa sensualité sans soucis et sans haine Me bercer à satiété loin du monde immoral Où, ironie de l’homme qui de l’animal rit De ses propres tares lui fait concession De quiconque se moque quand est plus poilu que lui L’humiliant sans pitié par ses comparaisons… L’homme jette en niant loin de lui ses défauts En toute immunité ses multiples travers Plus têtu que la mule, ou simplement chameau Fainéant comme la couleuvre, langue de vipère Excité comme une puce, fier comme le paon Gourmand comme une chatte, bête comme une oie Comme un ours mal léché, comme un bouc puant Et semblant ignorer que jamais tu ne pues, toi ? Et de cet amalgame, l’homme se gave et enseigne Comme si en leur sein, rien que du malsain Rien ne pouvait être, plus méchant que la teigne Plus gras que le porc, à l’humeur de chien … Oubliant que parfois sa mémoire fait défaut, Est souvent surpassée par celle… de l’éléphant Réputé pachyderme au tout petit cerveau Dont éperdument il se moque pourtant! Mais « jamais corbeau n’a fait canari » Et « dans tous les nids on trouve un coucou » Il en est ainsi du monde animal dont l’homme fait partie Bien qu’il s’en défende et qu’il se rie de tout.