Mais à quoi vont servir tous ces mousquetons Qui ballottent et cliquètent à chacun de nos pas ? N’aurais-je pas dû me poser la question ? De la prudence encore, en écouter la voix ?
Ai-je assez tout à l’heure vidé ma vessie ? N’ai-je pas trop bu à la fin de l’en-cas ? Ne vais-je pas encore en avoir envie Quand il sera trop tard, que je ne pourrai pas ?
Et à quoi bon ce casque toujours de travers Où qui tombe sans arrêt, en arrière, en avant, Faut-il encore serrer cette jugulaire Et ne plus déglutir qu’en serrant les dents ?
Nous y sommes presque, c’est ce qu’il nous dit. Mais pourquoi ces conseils toujours rabâchés ? Il a pourtant l’air plutôt sûr de lui Y’a-t-il un danger qu’il nous aurait caché ?
Sur cette étroite poutrelle, il va falloir marcher… En atteindre le bout, en s’agrippant au câble Avancer pas à pas sans se déconcentrer Sans regarder dessous…en serai-je capable ?
Et en plus il me faut, souvent lever la tête, À chaque photo, pour sourire un peu, Cacher mon émotion, ne pas avoir l’air bête Et donner l’impression que l’on est heureux…
Voilà maintenant que cela se complique… La paroi se redresse, toujours plus verticale Sur les barreaux d’acier, il faut que je m’applique A poser chaque pied, l’erreur serait fatale…
Et pourquoi tous ces gens,là, massés derrière nous Qui rigolent et s’esclaffent bien impudemment… C’est à croire qu’ils se sont tous donnés rendez-vous Pour se moquer de moi…s’ils savaient seulement…
Que chaque fois qu’il faut regarder vers le bas C’est sur le cimetière que s’attardent mes yeux Car bien évidemment, je le savais déjà C’est toujours d’en haut qu’on les voit le mieux.
Il ne manquait plus que ça, maintenant la pluie ! Je compte les secondes entre chaque éclair Car tout près du pylône, comme il nous l’a promis Se trouve la sortie, espérée, salutaire.
L’humour est enfin à nouveau permis Faraday nous ayant heureusement protégés ! Vite, un recoin, pour un petit pipi Afin de n’avoir que les pieds de mouillés…