C’est une vraie tranche de vie que ce morceau d’asphalte Bien tracé, délimité, Peut-être de peur que l’on s’en écarte Qu’on passe un jour de l’autre côté, Qu’on sorte de ce fameux couloir Qui semble là pour nous guider, Mais qui parfois nous en fait voir Un peu de toutes les couleurs, Suivant les jours, suivant l’humeur, Et il y a des jours parfois Où l’humeur aimerait changer de couleur…
Il y a des jours parfois où sans savoir pourquoi, On pressent la galère C’est d’abord la crotte de chien, Juste à côté du réverbère Mais que bien sûr on n’a pas vue, Et on s’en mettra plein les doigts Quand dans deux jours on ne saura plus Pourquoi subitement ça ne freine pas C’est sûrement le chien du vieux là bas, Il mériterait de se faire engueuler Mais on sait qu’on n’a pas vraiment le choix, Si ce n’est celui de râler… Plus loin il y a la voiture mal garée, Les rétros bien rabattus, Pour soi disant moins gêner, Se donner des airs de vertu Alors tant pis pour le pantalon, On frotte un peu plus côté haie De l’autre côté de toute façon Il y a une poubelle renversée Même si c’est du pyracantha Et qu’on va se piquer les mollets On sait qu’on n’a pas vraiment le choix, Si ce n’est celui de râler… Encore plus loin c’est les piétons, Sûrement dans un demi-sommeil Bien sûr ils marchent à trois de front Le baladeur sur les oreilles Ils ne vont pas m’entendre arriver, Faudrait actionner la sonnette De toutes façons il ne faut pas rêver Ils ont de la musique plein la tête ! Alors je suis, ne sachant pas De quel côté je pourrais doubler Je sais que je n’ai pas vraiment le choix, Si ce n’est celui de râler…
Et puis il y a des jours parfois, où sans savoir pourquoi, t Quand le vent dans le nez on a le cœur léger Face au soleil levant Quand tout au long du chemin on a tous les parfums Que le vent nous apporte Chèvrefeuille, églantine, tilleul ou mandarine, Parfois même bergamote Quand on croise un chaton sur le seuil d’une maison Qui s’étire au soleil On se dit que c’est bon toutes ces sensations Qui font qu’on s’émerveille