Le jardin sent si bon, l’été s’achève. Mon cœur est ce soleil à l’horizon, Il m’échappe au rythme de ses sons Pour attraper encore ce rêve : Cette fleur fragile et sauvage Aux belles courbes trop sages.
Aujourd’hui, je prendrai la plume Pour achever le cher poème, Repoussant au loin la brume Qui enveloppe celle que j’aime ; Ainsi lui conterais-je fleurette Autrement que sous la couette.
Mon esprit s’égare sur le ponton De bambous traversant la rivière. L’encre coule en déliés et en ronds, Dessine formes et prières : C’est mon âme mise à nu Que je crayonne à l’ingénue.
Existe-t-il dans l’univers un avenir Où tous deux pourrions tenir ? Moi, m’appropriant sa main, Elle, joyeuse et pleine d’entrain... Je prie, imprimant le papier Que le message arrive entier.
Je pleure de n’être point seul À convoiter ses chères faveurs, Mes yeux fondent dans le tilleul Avec les cris de mon cœur ; J’irai courir à l’importun Avec un soufflet de ma main.
Demain je saisirai le sabre, Sur le pré, sous les arbres, Percerai ce joli-cœur D’un accès de fureur. L’horizon sera de flamme Dans ses beaux yeux de femme.