La belle que je croise au petit matin pâle, Avec son beau visage et ses yeux de velours M'invite d'un regard à faire des détours Du côté de son coeur et de son corps d'opale...
Sur le trottoir lavé, chavire ma raison Lorsque je vois ses yeux, le bleu de ses prunelles, Quand résonne le bruit si doux de ses semelles... Ah ! j'aimerais la suivre avec mon baluchon !
Prendre sa taille fine et l'âme guillerette, Bras dessus, bras dessous, lui déclamer mes vers Puis l'emporter très loin de nos tristes hivers Sous de grands cocotiers pour lui conter fleurette...
Mais le travail m'attend, me laisse sans espoir. Il est bientôt huit heures à l'horloge pendule, Alors le dos courbé, penaud et ridicule Je passe mon chemin comme un homme au mouroir...
Et mes rêves brisés fondent sur le bitume Comme glace au soleil, tandis qu'à Mogador, Va sans se retourner, la belle aux cheveux d'or. Reste dans l'air, l'odeur dont elle se parfume...