Pour quelques mots de trop qui semèrent la peur Le voilà prisonnier, au pays de Voltaire. Dans la France des droits, la justice est primaire. Pour le verdict rendu, grande fut la clameur !
Un procès de Moscou pour un simple rappeur Qui d'un monde uniforme et triste est réfractaire ! Il a dit ce qu'il pense, il faut le faire taire Décida brusquement monsieur le procureur...
La police française à l'ouvrage a du coeur, Lorsqu'il faut tabasser le pauvre prolétaire Qui lutte bien souvent pour un maigre salaire, Mais on ne la voit pas courir sus au casseur...
Elle fait son devoir et frappe le chômeur, Et tous les sans papiers, le passant solidaire Ou le sans domicile : ah ! le beau savoir-faire, Souviens-t-en mon ami qui des mots est jongleur !
Et souvenons-nous de cette belle ardeur Des smagistrats et flics devenus caudataires De l'Etat de Vichy, puis parfois les sicaires De l'armée allemande : et tait toi donc chanteur !
Car parler du Vel d'Hiv est soumis au censeur, Charonne sent toujours les fourgons cellulaires La fureur et la mort par des crimes sommaires Sur l'ordre d'un préfet ex-collaborateur !
Toi l'humble troubadour devient donc flagorneur, Fait plaisir au bon goût de nos folliculaires, De la pensée unique de leurs hebdomadaires Dont le but est de plaire au maître suborneur !