Ma mémoire s'égare et je perds les racines Du souvenirs heureux de mon passé d'enfant. De Trélazé s'en vont tous mes amis d'enfance, Bien loin de cette ville aux toits d'ardoises fines !
S'estompe le contour des coteaux et collines Des rives de la Loire à travers le couchant. S'efface la saveur des fillettes de blanc, Du vin rouge et rosé, bien frais dans les chopines !
Le silence a fait place au travail de la mine, Là, parmi les genêts, quelques appartements Se dressent orgueilleux comme des régiments. Les fonds deviennent lacs, couleur aigue-marine...
Les murs de nos maisons du quartier d'Eglantine, Naguère en schistes gris, sont couverts de ciment Et des barres de fer voilent le firmament... Mon enfance s'éloigne et mon âme est chagrine.
Ah ! pauvre du Bellay, ta douceur angevine S'est éteinte à jamais dans ce monde dément, Tes sonnets enchanteurs sombrent vers le néant. Je reste avec ma peine et ma rime orpheline...