Si tu n'avais pas acheté un paquet, si je n'avais pas acheté un paquet, si tu n'avais pas oublié chez toi ton briquet, si je n'avais pas eu sur moi des allumettes, si tu n'avais pas vu que je fumais, m'aurais-tu demandé du feu ? T'aurais-je, s'il n'y avait pas eu autant de vent, prêté ma cigarette pour que nos cigarettes se touchent bouche à bouche et que j'embrase la tienne? Aurais-tu eu prétexte à me dire "Merci" et moi "Mais de rien, c'est tout naturel » ?
C'est tout naturel en effet, pour se parler quand on est étranger, de fumer, d'oublier pour l’un son briquet, de penser pour l’autre aux allumettes, puis de discuter et d'allumer ainsi le feu d'amour qui l'on éteint en s'embrassant, en s'embrasant. Et dire que l'été terminé, cet amour partira comme il a commencé, en fumée.