Je suis né Ombre du sang versé Sur mille barricades et j’ai germé dans la poussière d’une usine comme un chiendent de règlement. Un soleil de passoire réchauffa mes corolles Des gouttes d’eau polluées gercèrent mes pudeurs. Je suis né Fleur anémique Loin des dimanches rêveurs et des matinées grasses L’espoir au ras des yeux Les oreilles déjà basses Du salpêtre dans la bouche pour exploser les mots. Les filles que j’aimais à la poitrine creuse Avaient les mains plus rêches que l’écume des paquets de lessive qu’elles usaient sans pleurer à longueur de poumons. Leurs lèvres engourdies malhabiles aux baisers avaient goût d’oranges naines et de vergers arides. Leur caresse d’émeri incrustaient dans ma peau Des fleurs fers rouges que la moindre averse biffait. Je suis né Ombre du sang versé Sur mille barricades.