L'enfant qui est en nous jamais n'eut la parole, Et ses mots resteront sur le bout de la langue. Une tache d'encre à peine sur une page blanche, Nos souvenirs d'enfance sont une langue morte.
Qui viendra à l'oreille demain me chuchoter Les mots de mon enfance à jamais abîmés ? Au fond d'un vieux tiroir des buvards entachés, Les brouillons d'une vie restée dans l'encrier.
Les voix de mon enfance sont à peine un murmure, Dans un ciel révolu la pâleur d'une étoile. Mon avenir conjugue un passé illusoire, J'ai perdu à jamais la mémoire du futur.
Comment dire en un mot notre part de silence, Et de l'oubli de soi l'indicible violence ? Jusqu'au dernier soupir de notre destin d'homme, Les mots de notre enfance nous restent dans la gorge.