J'étais champ de décombres, je suis un champ de blé. La mémoire des combats et les blessures au front Ensemencent mes plaies, je ne suis qu'un sillon. Les moissons à venir vous diront ma revanche. La vie coule de mes veines, et irrigue mon chant.
Sur les ruines des batailles, j'ai construit ma maison, Dans le fond des tranchées assis mes fondations. Du feuillage de mes branches j'ai réchauffé les miens. Et enfin de ma sève dans un coin de jardin. J'ai signé l'armistice avec ma part de l'autre.
Et si la nuit réveille ma crainte de l'ennemi, Si la douleur m'aiguille tapie dans les ténèbres, J'ai survécu. J'ai fait la paix avec moi-même. Seuls au ciel les corbeaux connaissent ma destinée. J'en ai fini avec la culpabilité.