Je sais des soirs de solitude et d'irréalité L'impossible s'apprête à scander les secondes Le ciel se couche tard L'air fraîchit Et la route défile sous mes yeux fatigués.
Je sais des carrefours de routes parallèles Subitement entrecroisées Surgies des rêves fous D'ailleurs imaginés Incréés.
Je sais l'allure et son train La semelle lourde et collée L'envie souveraine d'envol vers l'horizon L'hypnose des virages Niés jusqu'à l'ultime moment.
Je sais des personnages d'outre-tombe D'outre-mort, d'outre-Terre Porteurs de nouvelles images Qui plantent leurs jambes d'acier Entre mes lignes blanches.
Je sais des tours de roue semés sur les asphaltes Comme les gravillons d'impensables retours Au bout du dernier voyage M'attend la Différence L'autrement mieux La page blanche où achever un monde.
Je sais les symphonies remplisseuses Epaisses, douloureuses Drogues crachées par de mâles enceintes Qui m'aliènent, me soudent, m'incorporent Et me désincarnent.
Je sais les galaxies dérangeant les espaces quotidiens L'intrusion des débuts dans le rayon fossile Que la vitesse engendre Quand les arbres s'effacent à hauteur des oreilles Les yeux fixés au loin Sur le point cardinal.
Je sais le frein écrasé comme une vengeance Le souffle court Le sueur froide L'adrénaline acide aux mâchoires L'arrêt, la chute, le désespoir de la reprise-pied.
Je sais le réveil inévitable Inévité, amer et douloureux Mains crispées sur le volant Au prochain feu rouge.