Je suis le vent Je m'habille de rêve justicier En brise-fers aux quatre coins du monde Je faufile mon souffle dans toutes les prisons Je caresse au passage des fronts ridés de sang Je tourbillonne dans des rais de poussières Que j'illumine de reflets extérieurs arrachés au soleil Et portés sur les ailes de l'espoir agonisant Puis je m'envole entre les barreaux des fenêtres vides Qui lèvent leurs yeux crevés vers les nuages Emportant aux hommes d'ailleurs des images refusées
Je suis le vent
Je survole des cités empuanties Dérangeant les molles épaisseurs empoisonnées Ici et là, je dévoile une place ou un boulevard Ému par les regards que les passants Jettent comme un remerciement au ciel furtivement ouvert Je joue quelques tours aux rares citadines vêtues de larges M'acharnant contre les jeans obligatoires Puis, déçu, sors des villes par le chemin que les mistrals Embaument de leurs effluves de mimosas
Je suis le vent
Essoufflé par mes périples d'aventures Je respire les herbes chevelues des campagnes Me coule au fond des forêts à l'écoute Me love dans les vallons paisibles M'endors au creux des lits de mousse Où les souvenirs accumulés des amours défuntes Ont trouvé leur havre de paix Mais mon sommeil n'est jamais profond Je ne m'assoupis que d'un œil de cyclone Promettant des bises trompeuses Aux lourds nimbus à l'affût des terribles tempêtes Aux cumulus gros des tornades En germe dans mon ventre d'air