Une poule sur un mur, Qui picorait du pain dur, Faisait des festins minimes Et craignait que ses poussins Qui ne tètent pas le sein Rejetassent ce régime.
Cogitant sur l'avenir, Elle regardait venir Un cochon de belle allure. C'est la fin de mes tracas, S'écria-t-elle, eurêka, ô, la belle nourriture !
Elle arrête le passant Et (mais c'est bien sûr, bon sang !) Lui dit ce qu'elle imagine : Toi et moi associons-nous Pour le gîte et le ragoût, Le sommeil et la cuisine.
Dans un hôtel-restaurant, Réunissons nos talents : Je pondrai des oeufs énormes ; Tu fourniras le jambon ; Et nous nous partagerons Tous les profits dans les normes.
Notre cochon n'est pas sot. Il tient à ses bas-morceaux Et à sa forme intégrale. Avec tes mots, tu m'endors, Lui dit-il, mais c'est ma mort Qui grésille dans tes poêles.
Notre poule, dignement, Disparaît en caquetant, Laissant le porc solitaire Car c'est la règle du jeu De toute fusion qui veut La mort d'un des partenaires.
Quant au jambon ambulant, Il trottine en jubilant, Heureux d'être perspicace : Mes fesses n'ont pas de prix Et, cochon qui s'en dédit, Au diable, poule rapace !