Embusqué au coin des punis Le jour attend ses heures
Coiffé de son long bonnet d’âne de nuit Il guette le tic-tac des pendules arrêtées
Il râle un peu « Quoi, moi, ici, comme un cancre ! N’ai-je pas le grand-âge requis Pour la sérénité de celui Qui n’a plus rien à craindre Ni à espérer ? »
Il frappe alors sur le gong strident d’un réveil de bazar
Je m’éveille endormi
Le jour traîne En largeur sur les draps lourds de souvenirs
Il ricane « Tu vas pouvoir dormir debout ! Pourquoi serais-je seul à me lever ? »
Et tout conspire à ma lassitude
De la pomme âpre de la douche Au café réchauffé
De la brosse à dents fatiguée Aux chaussures souillées de la dernière pluie
Je sors
Le jour m’attend avec son petit air matinal Un petit air de banlieue grise Un petit air d’accordéon Aigrelet
Et me voilà parti dans ses secondes à les compter Pour les raconter