Dans les remous quotidiens, Parmi les loups et les chiens, J'ai le mal de mère, Le mal premier, le mal fort, Qui ne guérit que de mort Ou d'heure dernière.
Les années griffent mes joues Et même si je m'en fous Ou que j'en ai l'air, Au creux des vagues, des flots, Dans la houle folle d'eau, J'ai le mal de mère.
Par les marées balancé, Tiraillé, moulu, roulé, J'ai le mal de mère. Aucun cachet n’y fait rien. Quelle force me retient De souiller la terre ?
Ballotté par le ressac, Agité de peur, de trac, Sur les rocs déserts, Sous les gifles des paquets, Sans l'aide d'un simple quai, J'ai le mal de mère.
L'envie de vomir la vie Me lève le cœur aussi. J'ai le mal de mère. Je veux pleurer pour de bon, Tout petit dans le giron, Dire des prières.
Et je me souviens maman Du temps où j'avais, enfant, Des belles misères... Et s’ouvre à nouveau pour moi Le refuge d’autrefois : L’amour de ma mère