Tu ressembles à novembre Tu ressembles à ce mois Où, à ce qu'il m'en semble Les grands châtaigniers tremblent Dans le vent clair et froid Qui me glace les membres
Tu ressembles à l'automne Tu es cette saison Souvenirs et promesses Se mêlent en toi sans cesse Ton âge de raison Fait que tu déraisonnes
Mon époque
Tu vis sur ta lancée Tu glisses, tu barbotes Affolée de ressac Brisée de peur, de trac Tu tangues, tu cahotes Sur des eaux polluées
Tu vis la fin d'une ère Comme un enfantement Tu meurs d'une naissance Et grosse de souffrance Dans tes halètements Tu crains et tu espères
Mon époque
Tu sens la maladie Le couloir d'hôpital Les bas-fonds d'un vieux bouge Mains glacées et front rouge Ta fièvre de cheval C'est une épidémie
Tu sens ta fin venir Et tu cambres les reins Aux affres du cancer A fond de cale, aux fers Tes piètres médecins Voient sombrer ton navire
Mon époque
Guériras-tu quand même Contre tout pronostic Te relèveras-tu Fragile et courbatue Malgré le diagnostic Et sous les chrysanthèmes
D'incroyables ressources Viendront-elles assaillir Et tuer le néant Qui te guette à présent En faisant rejaillir