Vos
poèmes

Le vent siffle à la fenêtre
Jouant sur des tons mineurs
La chanson saura peut-être
Faire taire les dîneurs

Quelques instants de silence
Interluderont les cris
Comme par l'inadvertance
D'un coup du destin écrit

Les hurlements de décembre
Frissonneront les cœurs chauds
Qui reposent dans les chambres
Au dodo, les enfants, do

A la main de notre hôtesse
Le plat restera figé
Dans l'haleine des détresses
Passant par la cheminée

Clignoteront les guirlandes
Sur les bras verts du sapin
Pendant qu'au loin sur la lande
L'hiver en gel tout repeint

Peut-être une paille sèche
Recueillera un enfant
Qu'un autre enfant dans la crèche
Déposera doucement

Pendant qu'au fond du quart-monde
Où sont des hommes reclus
Arrivent chaque seconde
Dix avortements de plus

Pendant qu'au bout de la terre
Et même pas loin d'ici
La faim, le froid, la misère
C'est l'envers du paradis

L'impossible parenthèse
Ululant ses chants frileux
Voilera d'un mal à l'aise
Le sourire de nos yeux

Comme si à notre table
D'invité en accusé‚
Chacun devenait coupable
Du malheur éternisé

Comme si nos pleines panses
Et nos cœurs alcoolisés
Lourds d'agape et de bombance
Finissaient par nous peser

Comme si notre planète
Présente soudainement
Faisait virer notre fête
Dans un douloureux tournant