Je croyais avoir du talent Et parcourais de temps en temps Mes écrits figés dans leurs pages, Vivant habité par l'espoir Du beau matin ou du grand soir Où vous liriez mes bavardages.
Mais les années comptent leurs coups, Marquant des rides dans mon cou Et sur mes mains des taches brunes. L'espoir perd sa vitalité ; Poussé par la nécessité, Je n'écris plus que pour des prunes.
N'aurai-je manié le crayon Que par réflexe, obligation ? Que deviennent mes personnages Dans leurs chapitres de papier, A peine au monde et oubliés, Piètres témoins de mes mirages ?
La vieille fille pleure en moi La futilité des émois : Je suis une entraille inutile Car uniquement concevoir, C'est l'illusion dans le miroir Et la fécondation stérile.
Le temps viendra des jours derniers Et le drame sera entier De mes dix mille fausses-couches, La douleur des avortements Hurlant l'absence des enfants Que seraient mes mots dans vos bouches.