Le printemps, fleurs en fête S'éveille en s'épanouissant Comme un chômeur reposé Par une nuit paisible
Le printemps humorise Sur les frimas d'antan Il joue de l'harmonium Et chante des cantiques
Le printemps nous bouscule Avec volupté molle Il chamaille les herbes folles Asticote et emberlificote Les brindilles frémissantes Aux sommets des forêts
Le printemps fragilise Nos désirs inavoués Il arrose nos secrets D'air neuf. Il averse Nos vieux linges rapiécés
Le printemps terrorise Un petit vieux, l'hiver Qui cerne en boitillant Des horizons nacrés Furieux
Le printemps importune Traque, enlève, rançonne Nos troupeaux assoupis Dans les champs clos des lits
Le printemps gangstérise Armé jusqu'aux avrils Il grimace aux confins Des campagnes troublées
Le printemps virevolte Ses pollens ressuscités Il tourbillonne ses vents Il brise sur les étangs Engourdis encore Dans leurs eaux grisées
Le printemps brouillardise Il brume les labours Sourcillés de blés Il empanache les vallons Et volute les crêtes
Le printemps nous guette-apens Au détour de nos saisons Sans raison, attendu Surprenant la routine Du temps