Quand la mort viendra pour me prendre Dans ses doigts délicats et tendres Il y aura l’amour qui toujours me manqua Je verrai dans ses yeux de biche Ses appels qui me diront chiche Et j’irai me blottir dans le lit de ses bras
Elle aura des douceurs extrêmes En berçant mon corps de carême Comme on niche en ses mains un oiseau mazouté De vieillesse ou d’humeur maligne Souffle court, au bout de ma ligne Je prendrai à son sein mon ultime goûter
Calme plat d’encéphalogramme Sans douleur auprès de la Dame Apaisé, j’atteindrai ce mirage inouï Éveillé jusqu’au dernier rêve Pour partir comme un soir s’achève Consolé par la nuit du jour évanoui
Pourquoi donc vivre un jour encore Quand s’éteint le feu qui dévore Quand se taisent les voix qui chantent dans le cœur L’éternel opéra tragique Du destin saoulé de musique Et du sort des humains riant entre les pleurs
Quand la mort glissera dans l’ombre Sauveteur parmi mes décombres Je saurai que le temps est venu d’espérer Soulagé par la dernière heure Je dirai à ceux qui demeurent Tout est bien désormais, il ne faut pas pleurer