Jeune et déjà blasé, il traîne sa carcasse Il jette l'idéal d'autrefois aux orties Du passé, à ses yeux, rien ne peut trouver grâce Il a tout essayé, c'est sûr, et tout est dit
Qui lui montrera d'autres routes Dans l'écheveau de ses prisons D'autres chemins pavés de doutes Mais débouchant sur l'horizon
Jeune et déjà blindé, il a sa carapace Le monde est dangereux, il se garde de lui Pour que rien ne l'atteigne au cœur de sa cuirasse Il a monté des murs autour de son réduit
Qui lui donnera l'espérance Dans ce monde désespéré L'épaule abri d'une présence Le gîte et l'amour assurés
Jeune et découragé, il vit à la ramasse La course des gagneurs, très peu pour lui, merci Aux crochets des parents, il suspend sa besace Il sera temps de voir quand ils seront partis
Qui lui fera croire aux lumières Dans le noir d'encre de l'ennui Au fanal de fin de calvaire éclairant son sentier de nuit
Jeune et désabusé, il se plaît en surface Qu'on lui parle d'enfer ou bien de paradis Jouant avec le feu, il trouve tout cocasse Le bon mot ne résiste à aucun interdit
Qui lui apprendra la tendresse Dans ce monde persécuté Le bonheur pastel des caresses Le souffle doux de la bonté
Jeune et désenchanté, il fuit dans ses grimaces Il jargonne un patois de nul autre compris Hormis dans sa tribu, sa bande ou bien sa race Et croit avoir gagné quand les médias l'ont pris
Qui lui dira mille merveilles A voir juste au bout de son nez A n'en pas croire ses oreilles Brillant dans ses yeux étonnés