Vos
poèmes

Pierre tendre sur le chemin
écartelée de fine poussière
Froide et velue comme un sexe d'automne

Caniveau noirci par les pluies de lune
Où coule plein et chaud le sang des arbres
Souligné de pavés disjoints

Carrefour immobile
Cliché sur papier glacé
Dans la croix de ses boulevards

Chien renifleur de territoires
Pisseur de réverbère
Qui trottine sa vie de merde en merde

Cycliste en double
Reflet d'asphalte mouillé‚ comme un miroir
Pédalant une grinçante dynamo

Lumière pendue en condamnée
Au bout d'une électrique vie
Balancée sous l'abat-jour des fenêtres

Valse hésitante passant par les ombres
Messagère d'intérieur douillet
Où s'accouplent l'amour et la sueur

Silhouette d'inquiétude
Se profilant sur la lèpre des murs
Dans de chinoises projections

Cri d'assassin‚ pour rien
Pour le plaisir du pire
Ou l'écu d'une drogue introuvable

Ville morte des mœurs crus
Ramassée dans ses ruisseaux d'argent
Qui grouillent du malaise des engeances

Passant quidam paumé
Poches bourrées des mains inutiles du chômage
Ballant aux bras fatigués d'inaction

Presque rien
Une nuit
Moi
Multiplié par la détresse