Le petit doigt dressé sur le bord de la tasse Où fume le thé matinal, Le regard vide et intérieur, Son absente présence occupe tout l'espace. Et, si le tableau est banal, Il a son intime valeur.
Je voudrais lui donner notion de l'importance Des événements quotidiens Qui jalonnent nos tête-à-tête. Témoins muets et acteurs sourds de l'existence, Ces innombrables petits riens Font le tout de notre planète.
Car elle est sans ressort, insensible et inerte, Et passe et file le printemps, L'été va bientôt revenir... Les petits-déjeuners s'en vont en pure perte. Il n'en restera nul relent Aux archives du souvenir.
Mais à le vivre, à le goûter, si tu t'appliques, Comme s'il était le dernier Et que demain nous étions morts, Tu fais de chaque instant un exemplaire unique Que tu te combles d'apprécier Et qui rend notre amour plus fort.