Il était une fois une planète bleue Piquée sur l'infini des infinis espaces Roulant l'éternité du temps qui vient qui passe Où des êtres vivants découvriraient le feu
Ils dormaient nus, serrés au fond d'humides trous Leurs jours valaient leurs nuits. Ils erraient au hasard Des chemins ignorés s'offraient à leurs départs Mais la peur et le froid vissaient leur rude écrou
Microscopique engeance (éparpillée par qui ?) Souffle à peine exhalé, moisissure incertaine Matrice du destin cependant lourde et pleine D'avenirs bigarrés faits de perte et d'acquis
Nul orgueil ne redressait leurs fronts, nul projet Le désespoir vainqueur tordait leurs doigts exsangues Ils n'avaient qu'un seul cri sur le bout de la langue Pitié, Seigneur, pitié ! Nous sommes vos sujets
Le meurtre quelquefois leur tenait lieu d'exploit De torture et d'horreur ils faisaient leurs spectacles Aveuglés leurs regards d'éclairs et de miracles Abasourdis leurs cœurs d'animal aux abois
Ils agissaient sur ordre en croyant maîtriser Ces flux d'onde inconnus façonnant leurs consciences De l'univers entier caisse de résonance Transistor, puce humaine au circuit imprimé
D'entre tous les plus nus et parmi les moins forts Ils surent cependant occuper les savanes Sillonnant les déserts de longues caravanes Pour déflorer Gaïa jusqu'à son Pôle Nord
Ils cassèrent la pierre au cœur dur et secret A bout de bras la masse et dans l'âme un cantique Cumulant la magie et les mathématiques Ils sortirent des trous pour gagner les sommets
Le vent pousse une porte au fond d'un corridor Une pauvre lueur nous fait surgir de l'ombre Donnant soudain la vie au chiffre dans le nombre Au grain dans la poussière, au souffle dans le corps
Qui a fait le néant potentiel des humains Qui l'a conduit, mené aux briques d'hydrogène Qui a tracé le cours des spirales des gènes Pour y graver hier aujourd'hui et demain
Je ne suis que partie en quête de son tout Mais la partie déjà est le Cosmos lui-même L'œil se pose sur l'œil, le thème sur le thème Quand je plonge dans moi, je voyage partout