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Jean-Pierre QUIRIN

Spirale

Il était une fois une planète bleue
Piquée sur l'infini des infinis espaces
Roulant l'éternité du temps qui vient qui passe
Où des êtres vivants découvriraient le feu

Ils dormaient nus, serrés au fond d'humides trous
Leurs jours valaient leurs nuits. Ils erraient au hasard
Des chemins ignorés s'offraient à leurs départs
Mais la peur et le froid vissaient leur rude écrou

Microscopique engeance (éparpillée par qui ?)
Souffle à peine exhalé, moisissure incertaine
Matrice du destin cependant lourde et pleine
D'avenirs bigarrés faits de perte et d'acquis

Nul orgueil ne redressait leurs fronts, nul projet
Le désespoir vainqueur tordait leurs doigts exsangues
Ils n'avaient qu'un seul cri sur le bout de la langue
Pitié, Seigneur, pitié ! Nous sommes vos sujets

Le meurtre quelquefois leur tenait lieu d'exploit
De torture et d'horreur ils faisaient leurs spectacles
Aveuglés leurs regards d'éclairs et de miracles
Abasourdis leurs cœurs d'animal aux abois

Ils agissaient sur ordre en croyant maîtriser
Ces flux d'onde inconnus façonnant leurs consciences
De l'univers entier caisse de résonance
Transistor, puce humaine au circuit imprimé

D'entre tous les plus nus et parmi les moins forts
Ils surent cependant occuper les savanes
Sillonnant les déserts de longues caravanes
Pour déflorer Gaïa jusqu'à son Pôle Nord

Ils cassèrent la pierre au cœur dur et secret
A bout de bras la masse et dans l'âme un cantique
Cumulant la magie et les mathématiques
Ils sortirent des trous pour gagner les sommets

Le vent pousse une porte au fond d'un corridor
Une pauvre lueur nous fait surgir de l'ombre
Donnant soudain la vie au chiffre dans le nombre
Au grain dans la poussière, au souffle dans le corps

Qui a fait le néant potentiel des humains
Qui l'a conduit, mené aux briques d'hydrogène
Qui a tracé le cours des spirales des gènes
Pour y graver hier aujourd'hui et demain

Je ne suis que partie en quête de son tout
Mais la partie déjà est le Cosmos lui-même
L'œil se pose sur l'œil, le thème sur le thème
Quand je plonge dans moi, je voyage partout