Est-ce le poids des ans Est-ce le cours du temps Qui entrave le cœur entre ces rives mornes ? Ou sur ce long parcours Est-ce un manque d’amour Qui cerne nos envols et leur fixe des bornes ?
Nul ne sait la raison Du séjour en prison A perpétuité où la vie nous oblige Mais chacun se résout A tourner dans son trou Comme un rat pris au piège au fond de son vertige
Même dans ses beautés La nature a chuté Pour qui souffre de faim ou de froid ou d’attente La rose a son parfum Au cercueil des défunts Et la mort resplendit comme une jeune amante
La vie a ses revers Le décor son envers Et l’aveugle le sait qui ne voit rien du monde Le sourd entend le glas Qui escorte ses pas Et le silence même assène ses secondes
Dans son membre amputé Toujours l’accidenté La nuit ressent son doigt, son bras, son pied, sa jambe Il s’éveille en hurlant Et cherchant les absents Sanglote aux bouts manquants de poignants dithyrambes